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Performance driven
Claire Calmejane
14.05.2021

“ N’oublions jamais nos forces : la confiance, l’expertise et la gestion des risques”

Les grands groupes ont un rôle central à jouer pour réduire la fracture technologique et digitale que nos sociétés connaissent. Claire Calmejane, Chief Innovation Officer de Société Générale, nous explique comment l’une des premières banques universelles en Europe s’appuie sur l’innovation et la responsabilité pour construire la banque de demain, au service du plus grand nombre.

Comment les innovations technologiques ont fait évoluer votre industrie depuis 10 ans ?

D’abord, dans les années 70, les infrastructures technologiques et l’arrivée des premiers ordinateurs changent notre métier. Il devient possible de processer les opérations, ce qui permet de proposer plus de produits et services à nos clients. Puis, il y a 20 ans environ, le web bouleverse notre manière de faire de la banque et notamment la relation que nous entretenons avec nos clients ; notamment dans la banque de détail où le digital et le mobile transforment la manière de gérer son argent au quotidien. C’est la naissance de Boursorama, une des filiales de Société générale. Enfin, il y a une troisième vague démarrée il y a une dizaine d’années avec l’émergence de nouveaux business modèles incarnés par Revolut, Lydia ou encore Qonto. Ces nouveaux acteurs s’adressent à des clients qui cherchent une expérience purement digitale, sans pour autant délaisser leurs banques historiques. La quatrième vague, à venir, sera probablement celle de l’utilisation de la donnée à des fins non exclusivement financières : l’open banking permettra alors d’aller plus loin que les produits financiers traditionnels.

Comment le digital peut-il renforcer la relation de confiance entre une marque et ses clients ?

Nous concevons tous nos produits avec comme obsession la sécurité (cyber, gestion des fraudes et des paiements, …) et la conformité avec tous les règlements qui organisent la protection des données comme le RGPD. Les données personnelles appartiennent à nos clients et nous ne les utilisons jamais sans leurs consentements. C’est une évidence. De la même façon, nous avons fait le choix de développer notre propre cloud propriétaire qui nous permet de contrôler l’utilisation et le stockage de nos données. Cela nous permet également de maîtriser les infrastructures et donc la sécurité. Nous sommes parmi les premiers à avoir fait ce choix ambitieux en France en s’appuyant sur des équipes d’ingénieurs interne de qualité, cependant ces technologies continuent à se développer rapidement.

Au fond, la confiance est notre atout principal face aux acteurs qui ont un modèle d’affaire basé sur l’exploitation des données personnelles. C’est également un atout face aux fintech, regardées avec plus d’attention par les régulateurs, suite à certains scandales comme Wirecard et une opportunité de collaboration.

Le profil type de vos clients est-il en train d’évoluer avec les nouveaux usages digitaux ?

La digitalisation des services financiers doit être inclusive. Personne ne doit rester à l’écart : les 20% de français à découvert tous les mois, et qui risquent de tomber dans la spirale de l’endettement, les femmes qui n’ont eu le droit qu’en 1965 d’ouvrir un compte courant en leur nom propre, ou encore les adolescents qui doivent tout apprendre en la matière. En France, nous avons la chance d’avoir des entrepreneur.e.s qui se retroussent les manches pour accélérer cette acculturation. Je pense notamment à Diana Brondel qui a fondé Xaalys pour permettre aux adolescents (et leurs parents !) d’apprendre à être autonomes avec l’argent. Je pense également à Imène Maharzi qui a lancé Ownyourcash qui est une plate-forme éducative pour former plus de femmes business angels.

Pour ce qui concerne Société Générale, il n’y a pas de segmentation de profils sur l’utilisation des services bancaires en ligne. Age, genre, milieu social, urbains, péri-urbains, campagnes, tout le monde les utilise. Il est vrai, en revanche que ce sont davantage les jeunes urbains qui sont clients de Boursorama. Globalement, nos clients sont déjà très digitaux. 60% utilisent nos services en ligne quand la moyenne européenne est de moins de 50%. Ils consultent leurs comptes en ligne environ 34 fois par mois contre 28 en Europe. D’ailleurs, on ne le répétera jamais assez mais une bonne utilisation des services digitaux et dématérialisés permet de faire environ 250 euros d’économies par an (par rapport à ceux et celles qui n’utilisent pas ces services et l’information qu’ils contiennent) dans certains pays tel que le Royaume-Uni, c’est notre moyen de rendre cela accessible à tous.

Quels sont les produits et services digitaux qui permettent de diversifier votre base de clients ?

  1. Par des acquisitions stratégiques : En 2020, on en a fait deux : Reezocar — la voiture d’occasion est un marché de masse, deux fois plus gros que celui de la voiture neuve -, et Shine pour toucher une clientèle professionnelle 100% digitale. Et en 2019, nous avions acquis Treezor qui permet aux sociétés de développer des offres digitales financières autour d’un core banking sophistiqué et modulable.
  2. En lançant nos marques : Nous venons par exemple de lancer Prismea, la néo-banque des PME, ou encore Banxup, destiné aux 12–17 ans. Avec Forge, nous aidons nos clients corporates traditionnels à accélérer l’adoption des crypto-monnaies.

Comment créez-vous les conditions de l’innovation au sein de Société Générale ?

Pour commencer par les fondamentaux, nous n’oublions jamais ce qui fait notre force — la confiance, l’expertise, et la gestion des risques — face à des plates-formes qui ont un business modèle centré autour de l’exploitation des données. Ensuite, il faut avoir une ambition claire pour identifier les marchés stratégiques et les meilleurs talents qui s’y trouvent.

Et bien sûr, il faut des moyens. Sur les trois dernières années, nous avons investi plus de 150 millions d’euros dans des fonds d’investissements, en direct sur 8 startups via des tickets minoritaires, dans l’incubation de startups internes et dans des acquisitions stratégiques (hors grosses acquisitions). Shine (la néo-banque des indépendants), Prisméa (la néo-banque des PMEs), Forge (le leader européen des assets digitaux) et Treezor (le leader Français du Bank-as-a-service) font partie du portefeuille SG Ventures, piloté par Didier Lallemand dans mes équipes.

Mon équipe est composée de 40 experts qui contribuent et informent via des éclairages externes la stratégie digitale, la stratégie d’intelligence artificielle, les relations avec les fonds et avec les GAFA. Elle travaille en réseau avec le top 60 des digital leaders du Groupe, qui sont directement aux manettes du digital, de l’IA et de l’innovation dans les métiers.

Notre mission est claire. Permettre à Société Générale de co-construire, avec ses clients, un avenir meilleur et durable grâce à des solutions financières responsables et innovantes.

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