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Performance driven
Clément Goehrs, CEO et cofondateur de Synapse Medicine
02.03.2021

“Nous avons tout chamboulé…Et plusieurs projets emblématiques sont nés.”

Il est de bon ton d’accuser la technologie des maux actuels de nos sociétés. Pourtant, comme toujours, la réalité est plus complexe. La crise sanitaire, économique et sociale que nous traversons depuis le mois de mars dernier le prouve : de nombreuses startups sont actuellement au front pour apporter des solutions concrètes au quotidien des français et permettre au plus grand nombre de sortir plus fort de cette période en faisant évoluer certains modèles.

Clément Goehrs, CEO et cofondateur de Synapse Medicine, nous explique comment ses équipes ont chamboulé tout leur plan d’action pour trouver des solutions à la crise. Vaccin, pharmacovigilance, risques de complications… suivez le programme.

En quoi votre mission permet-elle au plus grand nombre d’accéder à des services de base ?

Les disparités d’accès à cette information sont très fortes, entre le grand public et les professionnels bien sûr, mais aussi entre les professionnels entre eux. Après avoir équipé les médecins et les pharmaciens, l’enjeu est d’ouvrir Synapse à l’ensemble des professionnels de santé. Nous équipons par ailleurs de plus en plus de médecins en Afrique francophone, ainsi que des ONG.

L’outil a aussi sa version grand public. Comme un Yuka du médicament, on l’utilise chez soi ou en pharmacie pour tout savoir sur nos médicaments : posologie, risques, interactions, etc.

La crise a-t-elle accéléré certains projets dans votre startup ?

Un exemple : au deuxième jour du confinement, Olivier Véran a pour la première fois évoqué les risques liés aux anti-inflammatoires non stéroïdiens et aux corticoïdes, aggravateurs potentiels des symptômes du Covid-19. Nous avons tout de suite vu le problème : ces termes ne disent rien au commun des mortels. Une partie de la population allait donc continuer à prendre ces médicaments sans le savoir. D’autre part, des personnes dont la vie en dépend (notamment les asthmatiques) risquaient de s’inquiéter et de suspendre leur traitement.

Nous avons contacté le Ministère de la Santé, en collaboration avec l’Agence du médicament, pour lancer https://www.covid19-medicaments.com. C’est un site d’information très simple, très intuitif aussi. Il suffit à l’utilisateur d’y entrer le nom de son médicament pour obtenir une réponse sous forme de code couleur, la marche à suivre et des contacts vers les professionnels de santé dédiés. Depuis mars, ce site a renseigné plus d’un million de personnes. Nous l’avons lancé en 72h seulement, c’est la preuve qu’on peut faire vite et bien, et une grande fierté.

Pensez-vous que cette crise a accéléré l’adoption de nouveaux usages chez vos partenaires ?

Nous avons également renforcé notre accompagnement auprès des acteurs de la téléconsultation, dont nous sommes le premier partenaire. L’impact est ici très concret : ces services aident des millions de gens, et ils ont permis d’éviter de nombreuses hospitalisations chez les patients les plus “lourds”, avec les ordonnances les plus complexes.

Vous collaborez en ce moment avec les autorités sur la nouvelle plateforme nationale de pharmacovigilance. Quels sont les enjeux du projet ?

Ces vaccins ont été développés à une vitesse inédite dans l’Histoire et seront accessibles à des milliards de personnes sur Terre. C’est évidemment une très bonne nouvelle, cela nourrit un immense espoir. Mais il y a aussi un enjeu de sécurité: de fait, nous avons moins de recul sur leur sécurité, notamment sur les effets indésirables sur certaines populations.

Les essais cliniques se font normalement sur des médicaments qui concernent des milliers de personnes, pas des milliards. Il est donc essentiel de pouvoir suivre tout ce qu’il se passe sur le territoire, détecter des signaux de pharmacovigilance pour réagir le plus tôt possible en cas d’alerte.

Le défi est logistique autant que technologique. On demande aux patients de signaler les effets indésirables de leurs médicaments sur un portail en ligne. L’utilisateur indique quel médicament il a pris, puis renseigne ses symptômes sur un champ libre, de 2 à 70 lignes. Jusqu’ici, cette prose était analysée par des professionnels, qui devaient retranscrire à la main les descriptions: vomissements, perte d’équilibre, céphalées, etc.

On change aujourd’hui d’échelle: désormais, ce sont des algorithmes qui viendront épauler les professionnels en décodant les informations des patients pour détecter une urgence, des symptômes à risques. La plateforme va permettre de juguler le flux pour les pharmacovigilants. Nous irons plus vite tout en limitant les risques. Et pour le grand public, cette évolution est invisible: ils utiliseront toujours leurs canaux habituels.

Qu’est-ce que la crise sanitaire a changé dans le quotidien de votre startup ?

La crise nous a aussi fait sortir de notre bulle. Une émission spéciale de Touche pas à mon poste était récemment consacrée à l’hydroxychloroquine. On a vu Cyril Hanouna parler du concept de “bénéfice / risque du médicament” à la France entière. Pour moi qui suis épidémiologiste, c’était une grande nouveauté. Le sujet est devenu mainstream !

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