Par Arnaud De Prest et Tanguy Alefsen De Boisredon
2024 marque le grand retour de notre mapping AgriTech et on n’y va pas de main morte.
Il faut dire qu’il nous est cher car l’AgriTech est d’abord une réponse pour tenter de redonner aux agriculteurs (la 4e profession préférée des français)
plus de contrôle sur leur équilibre de vie économique (tracking, outils météo, logiciels ERP, robotique, …). Mais c’est aussi parce qu’elle est au carrefour des enjeux du monde de demain : la santé, le climat, la résilience, la biodiversité, …
Un constat : Ca patine.
Les trois dernières années n’ont pas permis d’accélérer la masse des investissements, ni de voir aboutir les tentatives de disruption.
En 2023, l’AgriTech n’a attiré que 340 M€, soit 4,1% du total des levées de fonds sur l’année. Cela représente même une baisse de 28% dans les financements versus l’année 2022, qui avait atteint 473 M€. La France reste certes l’un des marchés les plus dynamiques en termes de capital levé pour ce secteur, mais cela interroge quand l’on voit tous les challenges en termes de production, d’alimentation et d’impact environnemental de l’agriculture qui se profilent, dans un monde à bientôt 10 milliards d’habitants.
Les raisons sont multiples :
Pour le moment, l’AgriTech ne crée pas assez de valeur. La technologie a jusqu’à présent eu un très faible effet sur les revenus des agriculteurs ; mais pour avoir un impact fort, il faudrait que les revenus des agriculteurs croissent d’au moins de 20%. Nous observons toutefois l’émergence d’une deuxième génération d’entrepreneurs qui s’appuient déjà sur les échecs et les réussites passées.
Guillaume Meulle, Managing Partner chez XAnge.
Mais si l’AgriTech est au cœur des enjeux et que son financement ne décolle pas, il faut peut-être changer la perception que nous en avons.
Une proposition : remplaçons le mot AgriTech (et parlons HealthTech, ClimateTech, Sustainability).
Et ça tombe bien, car c’est sur ces thèses que les fonds sont prêts à mettre de l’argent. Certains diront que l’on joue sur les mots ; mais ils ont leur importance. Regardez le mapping . Sur 203 startups recensées (on vous a oublié ? écrivez-nous ici ) Combien ne seraient pas également classées Santé ou Climat ? Une minorité. Soyons pragmatiques. S’il faut davantage mettre en avant les bénéfices (santé, environnement, climat, …) que le champ d’application (la terre, les agriculteurs, …) pour attirer de nouveaux acteurs de l’investissement, n’hésitons plus.
Une partie des start-up de l’AgriTech se qualifie déjà naturellement de ClimateTech, comme celles qui œuvrent par exemple à la transition écologique et notamment à la réduction des émissions ou à l’amélioration du stockage de carbone dans les sols. Mais il faut aller plus loin ! L’impact de la production agricole intensive et des aliments ultra-transformés sur la santé publique sont désormais de notoriété publique ! Les fonds Santé doivent se mettre à investir dans les startups AgriTech qui agissent sur des verticales plébiscitées de ces derniers : oncologie, fertilité, diabète, asthme, … Fondateurs de startups AgriTech, vous adressez même indirectement la santé des producteurs et consommateurs, venez nous voir !
Nadja Bresous Mehigan, Partner Impact XAnge.